De nombreux couples sont convaincus que pour durer en couple, il faut faire des concessions et savoir trouver des compromis. C’est déjà bien, mais ce n’est pas suffisant.
Un couple a besoin de projets pour se construire, et doit tout au long de sa vie, prendre des décisions pour les réussir.
Cela peut être source de conflit, car chacun a son idée sur les solutions à adopter, et les défend comme s’il détenait la vérité. Les conflits peuvent venir de désaccords sur des sujets importants, mais aussi sur des petites choses du quotidien
Pour décider, le couple a 3 possibilités : concession, compromis ou consensus. En quoi diffèrent-elles ?
La concession
Une concession, c’est l’un qui accepte la solution de l’autre en renonçant à la sienne. Il cède devant le désir ou la volonté de son conjoint.
Une concession peut être faite pour diverses raisons :
- par amour, pour faire plaisir à l’être aimé,
- par manque de courage pour défendre son point de vue,
- pour éviter un conflit et une querelle,
- par effacement devant un conjoint dominant.
Des concessions répétées, surtout dans le même sens, peuvent traduire un dysfonctionnement dans le couple.
La répétition de concessions faites par effacement, ou manque d’affirmation, peut être un signe de la domination d’un conjoint sur l’autre.
Des concessions répétées pour éviter les querelles peuvent traduire une peur des conflits, alors que l’affrontement et la résolution des conflits sont indispensables pour construire le couple.
Les concessions faites par amour semblent plus positives, mais un conjoint qui s’efface régulièrement devant l’autre n’aide pas vraiment à la construction du couple. Même faites par amour, les concessions répétées finissent par créer une insatisfaction.
La gravité de la concession dépend aussi du degré d’attachement de chacun à sa solution. Madame rêve d’une chambre bleue ; Monsieur aurait choisi du vert, mais sans fort attachement à cette couleur ; « ça lui fait tellement plaisir que notre chambre soit bleue que j’ai accepté ; je m’y habituerai, ce n’était pas important pour moi ».
Le compromis
Un compromis est une solution intermédiaire, différente des 2 premières proposées, chacun y trouvant plus ou moins son compte.
Cela paraît préférable à la concession mais ce n’est pas sûr. L’aspect positif du compromis dépend du ressenti de chacun par rapport à la solution adoptée.
Si chacun est vraiment heureux et en paix avec la solution trouvée, si elle lui convient presque aussi bien que celle qu’il avait proposée, le compromis semble une réussite.
Si l’un ou l’autre reste déçu de la solution adoptée et nourrit des regrets, le compromis n’est pas mieux que la concession. Si aucun des deux n’est satisfait, si chacun reste avec ses regrets c’est pire. Avec une concession, au moins l’un des deux est satisfait.
Il faut être prudent : trouver presque toujours des compromis peut aussi entraîner une accumulation de regrets et d’insatisfactions par l’un ou l’autre, voire les 2 conjoints.
Un bon compromis est une solution qui ne laisse pas de regret. Pour y arriver il faut une bonne communication où chacun a pu exprimer ses ressentis par rapport aux solutions possibles et a eu le sentiment d’avoir été entendu. En résumé un bon compromis doit ressembler le plus possible à un consensus
Le consensus
On peut définir un consensus comme une solution qui convient à chacun, qui ne laisse pas de regret, que chacun est heureux d’avoir prise et avec laquelle il est en paix.
La différence avec un compromis est dans le ressenti qui en résulte. Dans un compromis l’un ou l’autre ou les deux conjoints, insatisfaits de la solution choisie, nourrissent des regrets.
Face à une décision à prendre, les difficultés et les conflits viennent de l’absence d’objectifs communs et du manque de communication des ressentis.
Le Cler propose un week-end intitulé « Se comprendre et décider en couple », qui permet de vivre ce chemin de compréhension réciproque et de construction de consensus.
Condition préalable : connaître et comprendre l’autre
Pour faciliter les consensus, chacun doit comprendre vraiment l’autre (ses valeurs, ses désirs, ses joies, ses attentes, ses peines, ses peurs …), d’où un exercice à répéter régulièrement : prendre le temps de se poser pour exprimer ses ressentis. Chacun écoute en silence son conjoint et se laisse imprégner, imbiber de ce qui habite l’autre
Il se crée une osmose où chacun apprend à aimer ce que l’autre aime et à ne pas désirer ce que l’autre n’aime pas. Le couple se rode progressivement, chacun sent ce que l’autre ressent et les désirs de chacun deviennent les désirs du couple.
Face à une question, chacun par amour tiendra instinctivement compte de ce qu’il connait des désirs et des peurs de celui qu’il aime.
L’étymologie du mot est significative : Sensus en latin c’est l’action de sentir, de percevoir et « con » signifie « avec ». Le consensus c’est donc « sentir avec » c’est-à-dire arriver à une perception, un ressenti commun. Un consensus ce n’est pas se mettre intellectuellement d’accord pour une solution ; c’est réussir face à une question, à parvenir au même ressenti, la solution découlant naturellement de cette perception commune.
1ère étape : des objectifs clairs
La 1ère étape d’une prise de décision est la définition d’objectifs clairs sans lesquels il est difficile d’arriver à un consensus. Pour encore plus de clarté il est bon d’écrire l’objectif à atteindre.
Par exemple, le choix d’une destination et d’un mode de vacances dépend de l’objectif :
- Se reposer et se détendre ?
- Découvrir un maximum de nouvelles régions ?
- Se ressourcer ?
- Passer du temps avec la famille ?
2ème étape : l’expression des ressentis
La 2ème étape est la communication des ressentis de chacun par rapport à chaque solution proposée, car le manque d’expression et d’écoute des ressentis et l’illusion de deviner ceux de l’autre sont des obstacles au consensus.
Chacun exprime ses ressentis, par écrit si possible : ce qui lui plait, ce qui lui déplait dans chaque solution, ses envies, ses joies, ses craintes, ses peurs en lien avec l’objectif fixé.
Chacun prend connaissance des ressentis de l’autre en silence sans les juger ni les critiquer ; il les intériorise, s’en laisse imprégner et laisse évoluer les siens.
Après ce temps d’intériorisation chacun ré-exprime ses ressentis en les laissant évoluer puis le couple prend un nouveau temps d’intériorisation. Il peut faire plusieurs itérations, si besoin sur plusieurs jours face à une question très importante.
Dans un couple uni on constate le plus souvent une convergence progressive et l’évolution vers un consensus. Une fois celui-ci trouvé, chacun doit vérifier qu’il est en paix avec la solution choisie. Ainsi, le projet qui en résulte participe vraiment à la construction du couple.
Finalement, comme beaucoup de choses, l’art du consensus se fonde sur une bonne communication et une écoute bienveillante dans le couple, une communication qui va au-delà des mots pour devenir une communion de ressenti.