La colère, un sentiment courant qui est tout à fait naturel. Elle peut surgir de façon souvent spontanée et involontaire On se sent attaqué, et pour y répondre, on surréagit, tout en déposant d’un trop plein de stress. Mais chez certains, cela peut malheureusement devenir un mode de communication récurrent…
Comment expliquer ces colères fréquentes ?
C’est l’effet que l’on pourrait appeler « cocotte-minute » :
- Le couple ne communique pas.
- Les ressentiments s’accumulent.
- Au bout d’un moment, celui, ou celle, qui est le plus sensible à la colère, explose.
- Puis, la crise passée, et avec une certaine culpabilité de s’être mis en colère, un manque de communication se reproduit, le couple ne se parle plus… et un autre cycle redémarre, jusqu’à la crise suivante.
Comment sortir de ce cycle infernal ?
On est typiquement dans le cas d’une nécessité de se faire aider par une conseillère conjugale. La fréquence des rendez-vous permet de couper cet effet cocotte-minute. L’ambiance familiale peut être régulée du fait que le couple sait qu’il va pouvoir s’exprimer avec la conseillère à la prochaine séance, et refaire le point sur sa progression.
La première étape est la prise de conscience nécessaire de celui qui se met souvent en colère.
Puis, il faut rechercher ensemble ce qui, très concrètement, apporte ce ressenti. Cela passe par la mise en lumière des raisons qui y conduisent, et donc au redémarrage d’un dialogue, sans que chacun se sente agressé de reproches. Le but est de retrouver le contrôle que l’on va exercer sur sa colère, pour reprendre les choses en main.
En réalité, la colère est ce qu’on pourrait appeler un sentiment secondaire, en ce sens qu’elle fait suite immédiate à un autre sentiment plus profond et non exprimé, dont on n’a pas toujours conscience.
Derrière la colère, il peut y avoir, par exemple, un sentiment d’impuissance, alors que l’enjeu est jugé important, un sentiment d’humiliation jugé inacceptable, sans parvenir à modifier la situation, un sentiment d’injustice, de frustration…
Ces situations, qui s’imposent à nous, court-circuitent la pensée : au lieu de pouvoir prendre conscience de ce qui se passe en nous, aucune élaboration n’est possible, et il y a directement passage à la parole ou à l’acte, exprimant de la colère.
C’est pourquoi il est important de faire tout un travail pour comprendre ce qui arrive, quel est le sentiment « natif » qui a généré cette expression de colère. Et comment gérer ces situations autrement, en passant par différentes étapes du dialogue, avec soi-même et avec les autres.
Trouver ensemble une façon de dire stop !
Si la colère dégénère trop souvent et coupe toute communication, il y a vraiment danger pour le couple et la famille. Des manifestations de colère fréquentes ne sont pas un bon modèle d’éducation pour les enfants. Quant aux violences conjugales et familiales, elles nécessitent des mesures radicales.
Il faut donc, au sens propre, mettre en place un vrai STOP, quand les discussions dégénèrent.
Si l’un des conjoints sent monter la pression, il dit STOP, ou émet toute autre parole ou signe dont les conjoints ont convenu ensemble préalablement, chacun s’étant engagé à l’avance à arrêter la discussion, quitte à la reprendre à un autre moment plus calme.
Si chacun est de bonne volonté, cela devrait déjà permettre de retrouver un meilleur équilibre.
Un travail en profondeur
La prise de conscience et explorer ce qui conduit à la colère peut ne pas suffire.
Parfois, la colère est tellement ancrée qu’elle peut révéler autre chose, qui nécessite un travail plus profond :
- Un changement de contexte qui vient perturber l’équilibre du couple, qui rencontre des difficultés pour s’adapter à la nouveauté.
- Un déséquilibre profond des rôles et responsabilités dans le couple : partage des tâches, confiscation de l’autorité par un des conjoints, coalitions entre plusieurs membres de la famille contre un des conjoints… Les entretiens de conseil conjugal et familial pourront mettre en lumière ce type de situation et y remédier, en l’abordant sur un plan global et non juste à l’occasion d’un incident.
- Une blessure personnelle d’un des conjoints, un profond manque de confiance ou d’estime de soi, qui nécessitent un accompagnement individuel adapté, avec l’aide d’un psychothérapeute.
- Un « habitus » lié à une difficulté de gérer le stress ou la frustration, avec des habitudes prises depuis l’enfance, sans que rien ne soit venu le remettre en question. Il y a dans ce cas tout un travail à faire avec le couple autour de l’écoute, la communication non-violente qui passe par l’expression des besoins, la gestion des émotions, la gestion de la frustration… Cet accompagnement relève pleinement du conseil conjugal et familial.
Comme on le voit, il y a plein de causes possibles, et donc des façons différentes d’être accompagné qui y correspondent.