Un vrai travail de deuil !
La puberté est un des grands travail de deuil à faire dans la vie. Elle est aussi une prouesse d’équilibriste qui fait revivre ses premiers pas : lâchant les sécurités de l’enfance, la puberté lance à marche forcée vers une terre inconnue. Heureusement, tel le manchot empereur s’élançant maladroitement vers la mer pour la première fois, entouré d’une foule de congénères, les adolescents ne sont pas seuls : la présence d’autres jeunes autour d’eux, partageant les mêmes hésitations, les rassure dans leur périple.
Un corps à se réapproprier
C’est petit à petit que se dévoile ce nouveau corps étrange, qu’un adolescent passe des heures à apprivoiser devant le miroir. Les traits de son visage, de lisses et enfantins, glissent petit à petit vers son profil d’adulte, faisant traverser une succession de « mues » qui, tel un kaléidoscope, l’empêche de fixer ce qu’il tenait pour acquis. Les modifications morphologiques sont déstabilisantes.
Pour les filles : apparition des seins, élargissement du bassin et répartition de tissu adipeux au niveau des hanches et des cuisses. Pour peu qu’elles perçoivent ces formes rondes de façon péjorative ou cette sexualisation comme menaçante, car suscitant du désir sexuel, il leur sera plus difficile de les accepter.
Pour les garçons : le sentiment de virilité apporté par la puberté est souvent source de fierté. Mais il se peut que la poussée de croissance en taille et en muscles rende malhabile, empêche de mesurer la force de ses gestes. Cela reviendra avec le temps. La mue de la voix des garçons peut aussi s’avérer impressionnante.
Tout cela reste supportable tant qu’un jeune se satisfait de la réponse à la question : « Miroir, ô mon beau miroir, dis-moi si je suis encore beau / belle… » Mais ce n’est pas toujours le cas, loin de là ! Car les adolescents utilisent souvent un miroir déformant, grossissant ou caricaturant, qui laisse croire à des jeunes filles minces qu’elles sont obèses ou qu’un bouton est un gros spot lumineux catalysant tous les regards. C’est désagréable, mais heureusement transitoire. Ils reprendront confiance en eux une fois sortis de cette période.
Des sensations inédites
Ce corps étrange fait entrer dans une nouvelle dimension : un adolescent désormais devenu « pubère » va désormais pouvoir transmettre la vie ! C’est l’objectif numéro 1 de la puberté. Cette capacité est assortie d’un autre bouleversement : l’apparition du désir sexuel. En plus de découvrir la pulsion sexuelle, les jeunes peuvent aussi se laisser assez facilement déborder sur le plan sentimental. La puberté les met en quête de se reconnaître eux-même, mais aussi d’être reconnu par les autres, et en particulier l’autre sexe. Et comme cette différence met parfois mal à l’aise, leur désir peut se montrer hésitant et s’adresser aussi aux jeunes de même sexe, dans une recherche de lien souvent plus amical ou fraternel que sexuel. C’est aussi le moment où, étant souvent à plus grande distance de leurs parents, dont ils ne reçoivent plus les « doux câlins » de l’enfance, ils ont un besoin accru de recevoir et de donner de la tendresse.
Sur le plan psychologique
La puberté remet en contact avec un monde refoulé de pulsions et d’émotions plus ou moins faciles à gérer.
Sur le point de disparaître, l’enfance se rappelle à chaque adolescent, le faisant revivre les grandes étapes qui l’ont aidé à grandir : le voilà donc, comme dans les premières années de la vie, invité à quitter ses rêves de toute-puissance, à apprendre à gérer la frustration, à s’ouvrir aux autres et à devenir autonome.
Dans l’ambivalence de ce temps si particulier, l’adolescence fait osciller entre dépendance et autonomie, révolte et acceptation, rêve et réalité… Tout un programme…
Des transformations qui ont du sens
La puberté, avec l’adolescence, est un temps unique de construction de soi. Le fait d’y être préparé et d’en découvrir le sens facilite ce passage : il s’agit, ni plus ni moins, de devenir un homme ou une femme !
Les ateliers Vivlavie du Cler sont une belle porte d’entrée vers la puberté, pour pouvoir traverser cette période tumultueuse de façon paisible.
Mais si le corps évolue très rapidement à cette période, la maturation psychique est, quant à elle, beaucoup plus lente et progressive, dans son cheminement vers l’âge adulte.
Ce décalage est une forme de rupture : une discontinuité entre le corps et l’esprit, qui n’est pas si simple à vivre. Si c’est trop difficile pour un jeune, il est important de pouvoir en parler à quelqu’un de confiance, à ses parents ou à un professionnel de l’écoute.